La journée se termine. Le boulanger, tout heureux d’avoir
un aussi beau métier, va bientôt quitter son fournil qui sent si bon. Mais
avant le repos bienfaiteur, il lui reste encore une petite chose à terminer.
Tôt (très tôt) ce matin, il s’était abondamment servi en levain pour les
fournées du jour. Il avait toutefois pris bien soin d’en mettre un peu de côté.
Voilà le moment venu de retrouver ce laissé-pour-compte. Si le petit bout de
pâte en question n’a pas eu la chance de contribuer ce jour-ci à faire lever le
pain et lui donner sa saveur, à son tour maintenant d’occuper le devant de la
scène. Il se voit confier une mission cruciale : ensemencer le levain pour
le pain de demain. Transmettre la vie, en quelque sorte... Quel rôle prestigieux
et plein d’importance ! Il mérite bien ce petit nom rempli d’autorité
donné par les boulangers : « le levain-chef ».
Je suis un bout de pâte anodin,
Mais sans moi le pain perd son relief,
Chaque jour on me laisse dans un coin,
Mais on m’appelle le levain-chef !